MOTO Journal N°992

 MOTO JOURNAL 992  KAWASAKI 750 ZEPHYR vs YAMAHA 750 FAZER

 

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Par Michel Montange, photo Micou  .

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COMPARATIF  KAWASAKI 750 ZEPHYR / YAMAHA 750 FAZER

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Après avoir attiré les foules au salon de Paris, la 750 kawasaki Zéphyr confirme la justesse de ses choix en réalisant un succès immédiat, dès son apparition chez les concessionnaires.Comparée, lors de sa sortie, àla sage Susuki 800 VX, on a trouvé intéressant de la confronter ensuite à une concurrente plus turbulente, la 750 yamaha FZX, nommée aussi Fazer.

Surprise ! L'apparente simplicité rétro de la Kawasaki va donner du fil à retordre à la technologie avancée de la yamaha .

La ligne dépouillée et le savant dosage de rétro et de moderne a fait de la Kawasaki Zéphyr un succès immédiat. On a déja du mal à en trouver. ( !!!!!!!!!!!! )

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 La Yamaha Fazer est née avec une esthétique " hi-tech" , à l'image de la technologie de son moteur Génésis .

Après de longues années où les motos s'étaient enfermées dans des genres bien précis et de plus en plus typés, la demande se faisait plus pressante pour des machines "normales".' On n'a pas toujours envie de se déguiser en pilote d'endurance ou de Paris-Dakar pour aller tous les jours au boulot. Cela n'empêche pas ces machines que l'on dit basiques d'avoir un style bien personnel, mais les choix mécaniques, la position de conduite ou la géométrie de la partie-cycle en font des motos faciles à vivre quotidiennement.

Championne de l'image sportive, la marque Kawasaki a résolument visé un autre créneau en concevant la' Zéphyr. Le look rétro et dépouillé était une priorité, à tel point qu'on a repris le 'vieux' quatre pattes à air des 750 Z de 1979. (Ce qui permet aussi de réduire les coûts de conception.) Cette mécanique est nichée dans un cadre double berceau dont le classicisme n'est pas gâché par le côté plus moderne de l'imposant bras oscillant en alu ou des jantes en alliage coulé. Il est difficile en fait de cataloguer le style de la Zéphyr car cet air délicieusement rétro qu'on lui trouve aujourd'hui, accentué par l'habillage façon 900 Z, est en réalité le look des sportives des années soixante-dix!

A l'inverse, la Yamaha Fazer, lors de son apparition en 1987, faisait figure de machine moderne, voire futuriste. En héritant de la mécanique "Genesis" de la FZR (le quatre cylindre double ACT à culasse cinq soupapes et refroidissement liquide incliné à 45'), elle offrait le dernier cri de la technique mise en évidence par un habillage "design" réduit au minimum. On retrouve aussi sur la FZX l'esprit de sa grande soeur, la ,V Max, dont elle reprend (en trompe l'oeil) les prises d'air du 'V boost'. Les jantes s'inspirent également de celles de la grosse V 4. Maintenant considérée comme une custom, la 750 Yamaha flirte aussi avec le genre 'café-racer».

Quelles que soient les catégories dans lesquelles on veut cataloguer ces machines, elles se retrouvent côte à côte au feu rouge, aux mains de motards qui en font le même usage. Plus urbaines que routières, elles ne craignent pourtant pas une virée le week-end, voire un plus long voyage pour les vacances.

 Dieu, que la selle est basse !

Ce qui frappe immédiatement lorsqu'on enfourche nos machines, c'est la faible hauteur de selle.

C'est un point primordial pour se sentir rapidement à l'aise sur une moto. Et malgré les 220 kilos de ces mécaniques, on se sent maître à bord. Cette impression est confortée par la position de conduite et les guidons assez hauts et larges.

On est posé très naturellement sur la Fazer et, avec les mains sur le guidon, on reste pratiquement le buste droit tandis que la Kawasaki oblige à se pencher un peu en avant pour atteindre les commandes.

Les différences sont plus marquées quand il s'agit de poser les pieds sur les repose-pieds.

On se positionne sans contorsions sur la Yamaha alors que, sur la Zéphyr, on pédale un moment dans le vide avant de trouver les repose-pieds très en arrière, ce qui oblige à avoir les genoux très pliés.

Pourtant plus basse de selle, la Yam est plus confortable sur ce plan.

Cette position est sans doute imposée sur la Kawa par la conception ancienne du moteur, très large au niveau de la boite et de l'embrayage. 

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En accord avec le reste de la machine,
le tableau de bord de la Kawasaki est simple et classique.
Les cadrans de la Yamaha sont plutôt réussis,
mais les voyants reportés sur le réservoir
ne sont pas très lisibles en conduisant.

 

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Né en 1979, mais revu pour la Zéphyr,
le quatre cylindre à air a reçu
des carbus à dépression et un allumage électronique.

Né sur la 750 FZ,
le moteur cinq soupapaes incliné a 45°
offre à la Fazer des performances de sportive .

 

 

Malgré la carrière urbaine qui attend nos motos " basiques " , la route ne leur fait pas peur.

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Une fois en selle, on a sous les yeux deux tableaux de bord assez semblables avec les compteurs et compte-tours séparés dans des boîtiers chromés. La Zéphyr a opté pour des cadrans noir et quatre témoins lumineux encadrent la clé de contact, une jauge à essence complètant le compte-tours.


Chez Yamaha, on a choisi un fond ivoire très chic pour les cadrans, mais dans un soucis de design moderne, on a reporté tous les témoins sur un petite console fixée à l'avant du réservoir.


C'est original, assez joli et très peu pratique car il faut vraiment baisser la tête pour y jeter un coup d'ceil.

Détail peu courant que l'on retrouve sur la 1100 Virago du même constructeur, une commande électrique du robinet d'essence au pouce gauche. Super! Ce qui l'est moins, c'est l'absence de bloquage de direction couplé au contacteur.

Il y a, à la place, un archaïque Neiman sur le côté de la colonne de direction qui a en plus le mauvais goût d'être difficile à enclencher et qui achève de vous énerver en coinçant la clé qu'on a parfois beaucoup de mal à retirer.

La EX se distingue encore par l'impossibilité de mettre le moteur en route lorsqu'elle est sur la béquille latérale, même au point mort. Si vous voulez laisser chauffer le moteur en vous habillant le matin, il faut hisser la Yamaha sur sa béquille centrale, ce qui est heureusement assez aisé.


Le starter de la Fazer, sur les carbus, est tout aussi pratique que celui au guidon de la Zéphyr et les deux quatre cylindres démarrent sans hésitations.

 

Dociles en ville

 

Malgré les possibilités offertes par leur cylindrée, nos deux machines passeront sans doute le plus clair de leur temps en ville. Outre la faible hauteur de selle et la position de conduite, on va rapidement constater que beaucoup d'éléments se conjuguent pour faciliter la vie citadine. La Fazer met immédiatement à l'aise par une maniabilité bien venue dans les embouteillages.

A basse vitesse, elle se manie sans efforts et se montre même vive dans les virages serrés, sans doute à cause de sa roue de 16 pouces à l'avant. Dans les bouchons, il faudra penser à la largeur des silencieux à l'arrière.

Ceux-ci vont en s'écartant de la machine et on risque de toucher les pare-chocs des voitures si l'on slalome un peu. Pour illustrer la relativité des jugements, c'est maintenant la Zéphyr que l'on trouve un peu lourde de l'avant alors qu'on la trouvait légère, comparée à la Suzuki 800 VX.


Cette apparente inertie de la direction ne se ressent que lorsqu'on descend de la Yamaha, mais s'oublie rapidement au bout de quelques virages, dès qu'on a constaté qu'une légère pression des genoux place la machine sans efforts sur la trajectoire voulue. Malgré cette impression de lourdeur, on se sent tout de même plus en confiance au guidon de la Kawa, la vivacité de la FZX entraînant une petite méfiance en conduite rapide. Sa maniabilité n'est bien sûr pas un défaut, et cette sensation pourrait être imputable aux seuls pneus Phantom montés d'origine.

Le point fort de la Kawasaki en ville est l'onctuosité de son moteur. La douceur de la poignée de gaz et du sélecteur s'accordent avec la souplesse du "quatre pattes` pour permettre une conduite coulée et efficace, et il suffit d'ouvrir franchement les gaz pour disposer d'une puissance plus qu'honorable et surtout d'un couple très plaisant. Issu directement des machines sportives de la marque, le moteur de la Yamaha est très vif et montre peu d'inertie. Cela ne serait pas un défaut s'il ne réagissait.../..

En usage urbain, la Zéphyr séduit par la docilité de son moteur et la Fazer par la vivacité de sa partie-cycle.Basse de selle, les deux machines sont accessibles à tous

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pas aussi vivement à la moindre ouverture de la poignée de gaz. Il n'y a pas de transition entre le ralenti et les régimes d'utilisation courante et cela provoque des à-coups assez déplaisants si l'on n'a pas envie de conduire sportivement.

Le remède consiste à passer rapidement trois ou quatre rapports et à rouler en sous-régime, ce que le moteur accepte parfaitement grâce à une très grande souplesse. Hormis ce moteur trop vivant de la Yamaha, nos deux machines s'en sortent avec les honneurs de la conduite en ville. Les suspensions gomment efficacement les petits raccords de revêtement et autres plaques d'égouts, les selles sont plutôt confortables et, bien que de caractères différents, les freins avant se montrent sécurisants.


 


Ceux de la Zéphyr sont redoutablement efficaces et il faudra même se montrer vigilant en cas de chaussée glissante, mais leur progressivité permet d'en doser la puissance avec deux doigts. Comme souvent chez Yamaha, le frein avant est puissant, mais demande de la poigne, ce qui le rend un peu moins agréable.

Les freins arrière mériteraient par contre d'être un peu plus efficaces. Il est souvent pratique en ville de moduler son allure dans la circulation par de légères pressions sur le frein arrière. A cause des repose-pieds trop en arrière de la Kawa, il faudrait régler la pédale de frein trop bas et, sur la Yam, il faut vraiment appuyer trop fort pour que cela soit machinal.

Tant qu'on est dans les critiques, les pilotes de petite taille seront un peu trop en appui sur les mains au guidon de la Zéphyr, effet bien sûr accentué par la position décidément trop en arrière des pieds.


Tous ces griefs retenus contre nos deux 750 sont des pinaillages de journalistes tâtillons, et quand on aura vécu quelques jours avec sa machine, on y attachera certainement moins d'importance. Malgré leur cylindrée, la Zéphyr et la Fazer s'acquittent plus qu'honnorablement de leurs corvées citadines et si un tout bête scooter leur fera parfois la nique sur de courtes distances, leurs possibilités sont autrement plus étend .

Défoulement autorisé sur route

Une 750, qu'elle soit rétro ou custom, ne craint pas les grands espaces routiers et les moteurs comme les partie-cycles seront rarement poussés dans leurs derniers retranchements. La recette est simple: vous multipliez la largeur du guidon par la pression du vent et vous obtenez la retenue imposée au pilote par ces machines, Le choix esthétique d'un look dépourvu de tout carénage n'offre pas le profilage d'une sportive ou la protection d'une GT, encore que la position assez basse et le tableau de bord un peu haut permettent de rouler à 130 environ sans fatigue excessive.

A cette allure, les mécaniques ronronnent tranquillement puisque la Zéphyr peut dépasser le 200 compteur et que la sportive Fazer peut vous propulser à plus de 220! Compte tenu de la vocation théoriquement sage de ces machines, on appréciera plutôt la souplesse ou le couple de la Kawasaki, ou les reprises rageuses de la FZX.


La position de conduite est moins fatiguante qu'en ville sur la Kawa puisque la pression du vent compense l'inclinaison du buste et l'on sera seulement gêné par les jambes trop repliées sur une longue étape.

A vitesse raisonable, le confort de la Yamaha reste le plus naturel, la Zéphyr reprenant un léger avantage sur le confort des suspensionSi on s'aventure sur des routes viroleuses, nos deux machines acceptent de réveiller les souvenirs de leur passé pour montrer des aptitudes sportives d'un bon niveau, sous réserve que le revêtement soit correct.

 

Malgré sa vocation sage, la Kawasaki accepte d'être menée à un bon rythme et se balance sans troc d'efforts et en confiance. Elle reste assez neutre et on pourra se faire le petit plaisir de frotter les reposepieds sans trop de risques.


Malgré "seulement deux soupapes par cylindre, le moteur de la Zéphyr pulse joyeusement machine et pilote sans mollir confort sur route reste étonnant, un avant souple pouvant toutefois provoquer quelques louvoiments en grandes courbes.

La vivacité du moteur de la géométrie de la Fazer pourrait s'exprimer pleinement sur les routes tortueuses s'il n'y avait cette petite retenue qu'inspire un avant moins rigoureux que sur la Kawa. Mais globalement, nos deux motos `basiques' permettent de largement se défouler lo-sque le terrain s'y prête.

Il faudra se montrer o.s circonspect sur mauvais revêtement, la pouvant subir quelques amorces de guidonnage. La Yam, quand à elle, a du mal à digérer trous et bosses sereinement et péférera les routes en bon état.Comme en ville, on apréciera la puissance et l'agrément du freinage de la Zéphyr tandis qu'on regrettera la dureté du levier de la Yam, bien que l'efficacité ne soit pas en cause.

En dehors de ces moments de conduite " inspiré " Fazer et Zéphyr se montrent très neutres, sans états d'âme et se plient sans formalités à l'humeur tranquille du pilote en se faisant volontier oublier. Il ne s'agit pas là d'un manque de caractère et c'est plutôt une qualité que de savoir se faire discrète quand votre propriétaire a envie de rouler machinalement juste pour le plaisir.

 

La nouvelle moto rétro face à l'ancienne moto moderne. Deux styles différents pour une mème vocation.

 

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L'argument du prix

La Zéphyr a bien sûr pour elle l'attrait de la nouveauté, mais le punch du moteur de la Fazer a de quoi séduire. Le critère esthétique étant souvent le plus déterminant pour beaucoup d'acheteur, on se gardera bien de décider pour vous laquelle est la plus belle. En sachant rendre des services très similaires, la Yamaha et la Kawasaki auront du mal à se départager, cette dernière ayant tout de même pour elle un argument de choc grâce à son prix. Il reste que ces machines méritent l'intérêt grandissant qu'elles connaissent en offrant des possibilités directement en rapport avec la réalité d'un usage quotidien. Reste le moment le pus difficile: choisir entre la nouvelle moto rétro ou l'ancienne moto moderne. Cruel dilemme !

Comme pour les courbes de puissance, les chiffres de performance sont révélateurs des choix techniques. De conception ancienne, le quatre cylindres à air et deux soupapes du Zéphyr ne peut rivaliser avec le moteur Genesis cinq soupapes à refroidissement liquide du Fazer. Les chiffres obtenus avec la Yamaha sont ceux d'une vraie sportive, mais ceux plus modestes de la Kawasaki n'ont rien de ridicule. Les performances d'une 750, même "rétro sont de toute façon largement suffisantes pour se jouer des problèmes de la circulation, Ce qui est moins quantifiable, c'est l'agrément de conduite, et sur ce plan là, la Kawasaki n'a rien à envier à sa concurrente.

Les chiffres relevés au banc font apparaître des puissances très proches des deux moteurs jusqu'à 4000 tours. Ensuite, la naissance plus sportive du moteur de la Fazer lui fait prendre une nette avance, surtout dans les haut régimes. Les courbes de couple réduisent encore l'écart entre la Kawa et la Yam. Cela illustre l'agrément de la Kawasaki à basse vitesse et la pêche de la Yamaha en conduite sportive. La Fazer dont nous avons disposée pour cet essai étant encore un modèle 1990, la version 1991 devrait perdre un peu de peps à cause des silencieux plus bridés

La nouvelle moto rétro face à l'ancienne moto moderne. Deux styles différents pour une mème vocation.

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Les suspensions de deux motos gomment fort bien les petites irrégularités de revêtemnent, surtout celle de la Zéphyr.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

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